vendredi 25 avril 2008


Ca s'en va et ça revient...



Tandis que certains d'entre vous s'étaient fatalement résignés depuis la disparition de la fée Choclette, d'autres, au contraire, n'ont pas manqué d'être avertis du retour en force de cette indigne blogueuse. Trois mois déjà que chaussettes sales et tubes de lait hydratant sont revenus habiter le carrelage de la salle de bain familiale et que feu le placard à vêtements rangé a retrouvé son allure sismique. Trois mois dit-elle? Trois mois d'accès internet illimité et pas un petit post d'explication à l'abandon brutal de la Faute des chaussures?! C'est cela.

Eh bien voilà, mieux vaut tard que jamais. En mal d'activité médiatique, je reprends le clavier. D'ailleurs ça tombe bien, ce n'est pas comme si j'avais des examens dans onze jours, mais bon on ne se refait pas, même après cinq mois sur un autre continent.

Le Mali, bah c'était bien. C'était même drôlement bien tiens. Enfin, drôlement, pas toujours hein. Mais ça, ça fera sûrement l'objet d'un autre article, genre un jour où j'aurai évidemment une foule d'autres choses à faire que d'étaler ma vie trépidante, genre comme aujourd'hui. Bref.

Pour faire bien, je pense que je dois reprendre le récit de mes aventures l'à où je l'ai arrêté. Souvenez-vous, le mois de novembre dernier avait été marqué par la venue de ma très chère mÔman. Eh bien peu de temps après notre voyage, le temps était venu pour moi de quitter ALAD. C'est le cœur lourd que j'ai dit au revoir à ma troupe de petits monstres et à mes collègues de l'association avant de prendre la route pour le village de Teriya Bugu, situé à environ 500 kilomètres au nord de Bamako. Un contexte bien différent!


Teriya Bugu est en effet un endroit très particulier, situé en pleine brousse au bord du fleuve Bani. Ce village dont le nom signifie en bambara, "la case de l'amitié" est né il y a vingt ans de la rencontre entre un pêcheur somono, Lamine Samaké et le père Bernard Verspieren, un français vivant au Mali depuis déjà plus de cinquante années. Je raconte très mal cette histoire, en particulier depuis que j'ai vécu la traumatisante expérience d'avoir à le faire un certain soir de Noël, déguisée en vieux sage africain devant un groupe de touristes hilares.

Bref, Teriya Bugu s'est aujourd'hui développé en un centre de tourisme solidaire géré par une ONG malienne: l'Association d'Entraide pour le Développement Rural (AEDR) mais reste avant tout un village de 500 personnes avec une école, un dispensaire-maternité, une bibliothèque, une coopérative d'achat.



Ayant toujours excellé dans l'art de la paraphrase, je ne tenterai pas cette fois-ci de tromper les foules et vous transcrit texto et sans complexes l'article du Petit Futé. Bah quoi ils font ça mieux que moi…

"Les ressources et recettes issues du tourisme sont redistribuées sous forme de salaires à l'échelle locale. Le village est électrifié à l'énergie solaire. Des pompes solaires permettent d'assurer les besoins en eau et d'irriguer des champs de manguiers, de bananiers, de mil et des rizières. Le père Verspieren avait planté des eucalyptus, arbres qui s'acclimatent bien au pays, même s'ils n'en sont pas originaires. Le village produit du gaz naturel (biogaz), réalisé grâce aux excréments du bétail. Des éoliennes complètent l'éventail d'énergies naturelles qui fait de ce village un exemple à suivre autant par les autorités maliennes que par les conseillers techniques des différentes coopérations étrangères. Le dispensaire est équipé de chauffes eau solaires qui permettent d'obtenir 120 litres d'eau à 80°C tous les jours. Chaque année, le village participe au reboisement de la région et à la vulgarisation de nouvelles méthodes d'irrigation auprès des populations locales. Des ruches produisent du miel, des jardins abritent des grues couronnées, des pélicans et des gazelles. Le but est d'améliorer les conditions de vie des habitants, établir un modèle de développement rural ou encore lutter contre l'exode rural."




Et moi dans tout ça, j'ai servi à quoi? Eh bien toujours à la même chose. C'est à grands "Toubabou, toubabou, toubabou!" que les petits de la classe de maternelle ont accueilli leur nouvelle maîtresse temporaire. Sur ordre de Fidèle, mon très pédagogue collègue instituteur, je me suis vue finalement appelée Mademoiselle, au grand désespoir de certains enfants qui ne comprenaient plus rien à rien (Mais non je te dis qu' elle s'appelle pas Floraine mais Mademoiselle!!).


Mon autre activité: la toute nouvelle bibliothèque que j'ai été la première à animer. Autant vous dire que je m'en suis donné à cœur joie. Seul hic: le nombre d'enfants (presque tous les enfants du village!) qui m'attendaient chaque jour de pied ferme devant la porte, se ruant dans la salle comme à un concert des Stones, bousculant tout sur leur passage. Il faut dire aussi que j'avais trouvé un truc infaillible pour attirer les foules. L'école avait récemment hérité d'une télévision et d'un lecteur DVD tous neufs pour sa nouvelle bibliothèque. Et moi, en fouillant un peu dans les tiroirs de l'hôtel, j'ai trouvé le truc idéal pour être peinarde avec ma centaine d'enfants: un DVD de Kirikou! Mais oui,
"Kirikou n'est pas grand mais il est vaillant! Mais il est vaillant…"



Aussi, deux fois par semaine, j'organisais une projection vidéo. Enfin, ça c'est la version officielle car en vérité j'ai plutôt usé et abusé de "kirikou et la sorcière" et "Kirikou et les bêtes sauvages". Vous savez, c'est un peu comme quand on regardait quarante-cinq fois le même épisode de Bibi phoque sans jamais se lasser. A la quarante-quatrième fois, on rigolait toujours autant quand Bibi se mangeait la banquise. Ben Kirikou, c'est pareil sauf qu'en plus, Kirikou il est vachement plus intelligent et vachement plus fort que Bibi. D'abord! Tout ça pour dire que j'avais largement de quoi pallier mes manques d'inspiration et que ma bibliothèque n'avait pas souvent l'allure d'une bibliothèque.



Je suis restée presque deux mois à Teriya Bugu. Mon train-train quotidien était bien différent qu'à ALAD. Pour commencer, je n'enfourchais plus mon vélo chaque matin pour aller à l'école! Un luxe qui m'a coûté quelques mollets en trop, voire quelques kilos puisque je prenais tous mes repas au restaurant de l'hôtel… La belle vie! Mais rassurez-vous, je faisais pipi dans un trou et me lavais dehors avec un seau d'eau froide. Même qu'au mois de janvier, quand il fait genre 9 degrés le matin, tu échangerais volontiers tes propres parents contre une paire de moufles.



L'autre chose qui a radicalement changé, ce sont mes soirées! Finies les longues heures passées à compter mes boutons de moustiques et à guetter les déambulations du varan sur le toit en tôle (Ah ben oui, j'avais le temps de bloguer à cette époque!). Désormais, quand je n'étais pas assise à discuter au village, je me mettais en mode pilier de bar à la réception de l'hôtel, là où travaillaient la majorité de mes amis. Un lieu idéal pour se tenir informé des derniers ragots, critiquer les touristes allemands qui portent des chaussettes sous leurs sandales et suivre le dernier épisode de la très populaire série télévisée "Au cœur du péché" (mais si, celui où Paco, le fils adoptif d'Alphonso, que tout le monde croyait mort et qui refait surface après plusieurs années, découvre que Pretta, la femme qu'il aime, est sur le point de se marier avec Marc-Antoine, qui n'est autre que son père naturel – le père de Paco hein, pas de Pretta – ce qui fait de Pretta la future demi-sœur de Paco – Pfffiou! ).



Elément clé de ces rendez-vous mondains: la "sucrerie" (boisson non alcoolisée en langage africain) qui se consomme sans modération, surtout après une danse collective improvisée derrière le bar au son du
Bobaraba ou de DJ Lewis.

Vous l'aurez compris, mon quotidien à Teriya Bugu prenait souvent des airs de colo de vacances. Seule ombre au tableau: la difficulté d'accès aux outils technologiques, cause directe de l'interruption de la Faute des chaussures! En m'y prenant bien, c'est-à-dire en me plaçant à l'endroit stratégique (le parking de l'hôtel), mon réseau Orange Mali parvenait tout juste à capter mes amis bamakois. Quant aux jours où il n'y avait pas de vent, perchée sur le rebord d'une poubelle en grillage, je pouvais espérer obtenir des nouvelles de France.

Alors vous voyez bien que je ne le faisais pas exprès! Et pour une fois, ce n'était pas la
faute des chaussures!



A suivre...












mercredi 28 novembre 2007


Mali Mélo…


Presque un mois que j’ai déserté la faute des chaussures ! Pour ma défense, sachez que ces dernières semaines ont été fortement perturbées par un évènement de choc, la venue de quelqu’un que je connais bien, ma MÔman! (dont nous ne dévoilerons pas publiquement la véritable appellation…) qui, bravant les vaccins et autres formalités désagréables, est venue ravitailler sa fifille en après-shampoing et accessoirement visiter le Mali.

C’est donc sans scrupules que je me suis octroyé une petite semaine de vacances, organisée au poil près par bibi et aussi un peu (beaucoup) par mon ami guide, Mohamed. Nous voilà donc tous les trois partis, également accompagnés de Bania/Vieux/Traore (barrez la mention inutile) pour six jours d’aventures et de découvertes.

De la splendide mosquée de Djenné (la plus grande construction en terre du monde !) aux somptueuses falaises du pays Dogon, rien n’a été épargné à nos mirettes ébahies.

Par respect pour « les personnes concernées », nous passerons sous silence les quelques déboires sanitaires rencontrés dans les campements Dogon (qui a dit fille ingrate?) pour ne retenir que la bravoure et l’héroïsme remarqués lors de l’ascension des falaises (diplôme à l’appui).

Six jours c’est évidement bien trop court pour aborder un pays comme le Mali. Six mois, dix ans, cent ans n’y suffiraient pas. Qui n’est pas Africain ne connaîtra jamais l’Afrique. Mais six jours c’est suffisant au moins pour se remplir les yeux et surtout le cœur, entre émotions fortes et leçons de vie. Un voyage simple. Simplement inoubliable.


Une chose est sûre, je n’en ai pas fini avec le Mali…
























lundi 5 novembre 2007


Le dimanche à Bamako…


Cher fan club d’Amadou et Mariam,

Ne m’en veuillez pas de briser ainsi le mythe mais je ne peux me résoudre à vous laisser ignorants maintenant que la vérité m’est apparue au grand jour. Le dimanche à Bamako n’est en fait qu’un jour comme les autres, du moins, un dimanche comme tous les dimanches. Certes, je vous l’accorde, c’est bel et bien le jour du mariage. Ce n’est en revanche pas le jour du seigneur dans un pays musulman à 90%. Je suis tout de même parvenue à m’octroyer une petite messe (Papa, Maman, vous ne rêvez pas) non pas pour mon salut mais pour ma simple culture personnelle

Eh bien figurez-vous que la messe au Mali, c’est bien plus rock n’ roll qu’en France. Bon, je me doutais un peu que le son des djembés rendait toujours mieux que la voix faiblarde d’un vieux chef de cœur essoufflé (mercredi à la cure…). Mais tout de même, ce fut une révélation, un régal pour mes papilles auditives, bien endommagées par les prouesses vocales de mes petits monstres.

Croyez-moi, si toutes les messes étaient aussi joyeuses et entraînantes, l’Eglise Catholique ne serait pas en train de chiffrer la perte de ses pratiquants. Mon enchantement était tel que je suis même allée saluer le curé à la fin de l’office. Bon j’avoue avoir été un peu poussée par les deux amis qui m’accompagnaient, chrétiens jusqu’au bout de ongles.



Après maintes bénédictions (« euh merci monsieur… ») et un bon déjeuner en ville, notre sortie dominicale s’est prolongée par une après-midi shopping, à ne pas confondre avec une virée H&Mesque à la Part Dieu.

Le marché artisanal : une épreuve de force pour une toubab en tongs et sa couche d’écran total. Que je vous explique. Bamako est un formidable souk. En cherchant bien, on peut trouver absolument tout ce que l’on veut et bien souvent ce que l’on ne veut pas. Un vendeur à la sauvette viendra vous proposer une moumoute pour le volant de la voiture, un autre un sachet de cubes maggi… Ce sont des milliers de petites boutiques qui s’étendent dans les rues de la ville. A chaque feu rouge, des marchands de recharges téléphoniques attendent les automobilistes tandis que des petits groupes d’enfants arpentent les trottoirs pour vendre des paquets de cigarettes.

Mais le plus intéressant, ce sont les scènes de la vie quotidienne, à observer sans modération. Une discussion de vendeuses de poissons sur le bord de la route, des gens se hissant sur un sotrama surchargé en marche, lequel affiche comme slogan «L’homme propose, Dieu dispose »… Bamako, c’est un véritable fourmillement de monde, une agitation incessante.



Le marché artisanal donc. Une épreuve disais-je. En effet, mieux vaut être en forme pour s’aventurer dans ces petites ruelles où les toubabs sont sans cesse sollicités. Les commerçants sont particulièrement insistants voire parfois agressifs et peuvent vous poursuivre pendant une heure pour vous vendre une babiole. Mieux vaut donc s‘armer de patience et apprécier les contacts humains, conditions par ailleurs essentielles pour qui voyage en pays africain.

Au-delà de cette ambiance quelque peu oppressante, le marché est un formidable lieu de rencontres et d’échanges où tout est prétexte au rire. Nous avons par exemple eu un débat politique houleux avec un vendeur de claquettes, qui s’est terminé par une franche partie de rigolade. C’est ce que j’aime tant dans la société africaine.

Pour ceux qui se poseraient la question, je n’ai rien acheté, ce qui m’a d’ailleurs valu un harcèlement d’autant plus intensif. Beaucoup de fatigue pour rien me direz-vous, mais le but de notre sortie était avant tout de nous mêler à la vie malienne et bien sûr de tester, pour vous, un dimanche à Bamako !


Non, vraiment, je ne pouvais pas vous l'épargner...


samedi 20 octobre 2007


Echantillon de mon train-train quotidien…


Visualisez un instant l’ambiance du métro parisien en heure de pointe. Pas trop longtemps tout de même, je suis responsable de la santé mentale de mes lecteurs. Eh bien le Mali, c’est tout autre chose. Ici, tout le monde se parle, tout le monde se connaît, un peu comme dans une grande communauté soixante-huitarde, plus cool que baba.

La base des rapports humains : les salutations. On prend des nouvelles de la famille, demande si la nuit a été bonne. Pressé ou pas, on prend le temps de s’arrêter pour boire le thé ou pour une simple « causerie ».

Chaque jour, j’enfourche mon vélo en direction des villages. Au bord des routes, sur le seuil des maisons ou au milieu des champs de maïs, les salutations résonnent. Je prends évidemment bien soin de répondre, fière de mes notions de Bambara fraîchement acquises, preuve de mon désir d’intégration dans ce pays si accueillant.

Mais il faut aussi avouer que je suis inévitablement l’attraction du coin, une minorité visible dira-on. Impossible de passer inaperçu.

Je suis tout de même chaque jour plus étonnée de la capacité de perception des enfants, qui m’interpellent à plusieurs dizaines de mètres. Bon, pas besoin d’un œil de pilote de chasse pour détecter la tâche blanche qui se pointe au bout de la route, c’est vrai. Du coup, j’ai parfois l’impression d’être une star internationale en tournée, à peu de choses près que celle-ci ne serait pas accueillie par un « Bonsoir » tonitruant à 8h du matin, radical pour égayer les débuts de journée difficiles. Autre version, l’économique « Bonjoir », compromis particulièrement bien pensé (si l’académie française me lit) ou encore le mythique « Toubabou ! Toubabou ! Toubabou ! » (blanc) qui me fera toujours autant rire.

Grand mal me prendrait de ne pas honorer ces acclamations d’une réponse énergique et enjouée, lâchant même le guidon de mon vélo pour saluer tout ce petit monde, tel Benoît XVI dans sa Papamobile, au risque de m’affaler joyeusement sur le premier nid de poule venu. J’aime vivre dangereusement…

Ah oui, car mon vélo, c’est comme le Blond, c’est un concept à lui tout seul. Il me rend bien service mais ne me facilite pas toujours la tâche, les freins par exemple ingénieusement fixés à quinze centimètres du guidon…

Je me remémore encore avec nostalgie notre première sortie, moi, tout juste débarquée, l’association m’ayant prié de bien vouloir aller repeindre une pancarte dans le village, où je n’avais encore jamais mis les pieds.

Me voilà donc partie sous le soleil de midi, mon sac plastique pendouillant du guidon. Luttant pour conserver ce faux sourire niais sur mon visage, qui était censé vouloir dire « tout va bien, je gère la situation », j’ai d’abord commencé par ne pas trouver la pancarte en question, que l’on m’avait pourtant consciencieusement indiquée. J’ai donc procédé à une série d’allers-retours remarqués, sous le nez des habitants qui me voyaient pour la première fois. Entre temps, le petit bocal d’essence préparé par Moussa a jugé utile d’exploser dans le sac, répandant son contenu sur mon pantalon déjà plus ou moins propre.

Etant finalement parvenue au lieu dit, je me suis attelée à ma tâche après voir constaté le manque d’herméticité du pot de peinture jaune et l’ampleur des dégâts causés. J’oublie évidement de préciser qu’entre temps, une trentaine d’enfants s’était attroupée autour de moi, agrippant mon vélo et me parlant dans une langue que je ne comprenais pas. Un premier contact éprouvant.

Bref, j’ai donc repeint cette fichue pancarte, les mains tremblantes et intégralement recouvertes de peinture, le sourire niais toujours ancré sur mon visage, même si, à ce stade de l’aventure, le sang-froid commençait à me faire défaut.

Lorsque avec soulagement j’ai enfin pu prendre le chemin du retour et semer la ribambelle d’enfants qui tentaient de s’accrocher à mon porte-bagages, je n’ai alors pas trouvé de meilleure idée que de me perdre. Joyeusement repartie pour une nouvelle série d’allers-retours, j’ai finalement décidé de demander mon chemin, ravalant mon amour-propre déjà bien mal en point.

C’est ainsi que je suis parvenue à rentrer à ALAD, dégoulinante de sueur et d’essence, parsemée de tâches de peinture et rougie par le soleil. Le sourire envolé et en proie à une rage d’avantage due à une fatigue monumentale, je me suis attelée au nettoyage de mon vélo et ai trouvé je ne sais comment le moyen de m’entailler le pied, histoire de clore l’aventure sur une note d’héroïsme.

Le fameux pantalon porte désormais l’indélébile marque jaune de cette épopée initiatique, mais rassurez-vous, je mène depuis une vie plus paisible.





lundi 15 octobre 2007


Ma rentrée des classes…


Le 2 octobre dernier, j’ai retrouvé les bancs de l’école. L’école maternelle ! Souvenir amer de mon jeune âge…

Promis, je n’ai pas pleuré cette fois-ci, ni passé trois heures dans mon coin à faire du sable doux. A vrai dire, je n’ai pas eu bien le choix, car aujourd’hui, les rôles ont changé.
Je me suis donc retrouvée devant une soixantaine d‘enfants, inquiets et inquisiteurs face à cette étrange peau de couleur blanche. Certains n’ont cessé de hurler de terreur qu’au bout du troisième jour. Inoubliables instants de solitude…



Ce cap étant passé, je profite désormais pleinement de ma nouvelle tâche de «Tantie». Je reçois chaque matin une bonne dose de bonne humeur et ne me lasserai jamais du « Booonjouuur Tantiiiiiiiie Fleulèèèène !!!!! » quotidien.


Comme il faut une contrepartie à tout, je dois avouer ma difficulté d’adaptation au système éducatif malien, du moins à celui de cette école, gérée par une directrice « déchargée de cours » et une institutrice sans aucune formation. Mes quelques acquis pédagogiques ne sont pas de refus pour «Tantie Bawa», ma nouvelle collègue de travail, qui jusqu'à présent s’occupait seule des soixante enfants…

A nous deux, nous formons une bonne équipe. Elle me familiarise avec la culture malienne, le mode de vie des enfants et m’enseigne les rudiments du Bambara (le dialecte local) tandis que je lui apprends de nouvelles chansons françaises.


Pour l’instant, je me consacre beaucoup à l’observation et prends peu d’initiatives. J’ai trop peur de tomber sans le vouloir dans une attitude colonialiste. Quand j’aurai une meilleure approche des différents fonctionnements, je pourrai tenter de proposer des méthodes en association avec le travail de Bawa.



Il y a cependant un aspect de l’éducation des enfants qui m’a véritablement consternée : la sensibilisation au danger. Celle-ci est totalement inexistante, à l’école comme dans la vie quotidienne. Brûlures, coupures, chutes, sont le lot quotidien de ces enfants à qui tout est permis, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Clous et pièces de monnaie se promènent de bouche en bouche, le tout dans un manque d’hygiène malheureusement inévitable. Ajoutées à cela les multiples maladies, le résultat en est qu’un enfant malien sur deux n’atteint pas l’âge de quatre ans. Un constat plutôt désastreux…


Quelle influence puis-je prétendre avoir, moi, dans ma petite école de brousse ? Les enfants ne comprennent rien à ce que je leur raconte et mon autorité laisse donc à désirer. Il est grand temps que je progresse en Bambara !


En attendant, j’apprends beaucoup de tous ces petits bouts de chou et de la population en général, qui, par ses sourires, nous donne chaque jour une grande leçon de vie, à nous, occidentaux, éternels insatisfaits de notre situation, pourtant si enviable.




jeudi 11 octobre 2007


L’aventure commence…


Mieux vaut tard que jamais, la faute des chaussures reprend du service et tentera de me suivre au long de mes aventures maliennes.

Voilà déjà trois semaines que j’ai débarqué ici. Que le temps passe vite ! Soleil radieux, couleurs chatoyantes, rires d’enfants… Tel est mon fardeau quotidien. Rassurez-vous, je fais tout de même semblant de ne pas être en vacances.

L’ONG avec laquelle je travaille s’appelle ALAD et elle se situe à Kalabambougou, sur les rives du fleuve Niger, à proximité de Bamako.



Ses actions sont principalement centrées sur la scolarisation, puisqu’elle gère un système de parrainage de plus de quatre cent enfants répartis dans une dizaine de villages alentour.

Notre travail : trouver sans cesse de nouveaux parrains en France, nous rendre dans les écoles ici au Mali pour sélectionner les enfants, en fonction de leur situation familiale et de leurs résultats scolaires. Avec les cotisations récoltées par le parrainage, nous achetons des fournitures scolaires que nous distribuons dans les écoles.



Au Mali, le taux de scolarisation est estimé à 64% pour les garçons et 34% pour les filles. Les classes sont surchargées (160 élèves en classe de CE1 à Kalabambougou !) car le personnel enseignant est insuffisant (ce qui est compréhensible compte tenu du niveau de leur rémunération). Par conséquent, le taux d’alphabétisation atteint seulement 19%.



L’éducation se pose pourtant comme une source essentielle de développement durable, pour ce pays classé au 174ème rang mondial sur 177 [selon l’indicateur de développement humain (IDH) du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) qui prend en compte trois éléments, le pouvoir réel d’achat, l’espérance de vie (41 ans !) et le niveau d’éducation par habitant].


Scolariser un maximum d’ enfants, les aider tout au long de leur parcours par un suivi régulier et construire ainsi les adultes de demain, tel est donc l’objectif principal d’ALAD.

L’association touche aussi à d’autres domaines de développement comme la santé et la prévention, le travail des femmes… Elle a mis par exemple en place un système de commerce équitable issu de la production de groupements de femmes.


Pour des informations plus précises, rendez-vous sur le site alad.mali.free.fr